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6 questions sur la densification

1. Durant les dernières décennies, quelle était l'approche urbanistique des villes? Pourquoi en revient-on?

La logique de développement des villes d'après-guerre a contribué à l'essor des banlieues. De différentes façons, les institutions publiques ont financé la construction d'autoroutes qui ont favorisé l'étalement du développement urbain dans un large territoire. On a aussi facilité la construction de nouveaux quartiers composés de résidences unifamiliales isolées. Cela a donné naissance aux banlieues dortoires, souvent mono-fonctionnelles, auxquelles on a associé nombre de qualités liées au calme et à la sécurité. Or, l'impact de ce paradigme d'aménagement est la dépendance à l'automobile pour se déplacer de la résidence vers le travail, l'école ou pour faire les courses. Considérant les enjeux actuels liés au changement climatique, mais aussi liés au développement économique local et à l'équité territoriale, il est impératif de tenter de consolider les milieux de vie existants plutôt que de continuer à s'étaler.
 

2. Qu'est-ce que la densification douce?

Il s'agit de saisir les opportunités d'intensifier un territoire donné sans le dénaturer. C'est une densification sensible au milieu d'insertion. Par exemple, dans un milieu résidentiel caractérisé par des maisons unifamiliales isolées, il s'agit peut être d'insérer des bâtiments résidentiels en copropriété ou en propriété partagée, souvent plus denses de part leur nature, ou encore des unités d'habitations accessoires, soit l'insertion d'une deuxième construction résidentielle (plus petite) sur un lot existant, souvent pour l'utilisation d'un parent ou d'un enfant.  
 

3. Quels sont les avantages de cette approche pour les citoyens?

Le territoire n'est pas une ressource infinie : la bonne gestion de celui-ci est non seulement durable, mais intelligente. Les milieux plus denses, où les différentes fonctions (résidences, commerces et services, lieux d'emplois, établissements scolaires) sont à proximité, offrent une multitude d'options de déplacements et se traduisent souvent par l'adoption de modes de mobilité douce. La preuve : les quartiers les plus denses de la région métropolitaine présentent des parts modales importantes pour les modes actifs et collectifs, ce qui contribue ultimement à réduire l'empreinte des déplacements.  
 

4. Comment répondre aux craintes face à la densification?

La densification n'a pas un visage unique. Il est important de garder en tête que bien des quartiers agréables ont des caractéristiques à échelle humaine; ils stimulent les cinq sens, favorisent les courtes distances et les rencontres. Il est possible de réfléchir la densité à échelle humaine et d'offrir des milieux de vie durables et conviviaux. À Sainte-Thérèse, on choisit d'orienter le développement aux abords du cœur villageois et de permettre des bâtiments mixtes de quelques étages. À Terrebonne, on programme un nouveau quartier avec plusieurs options et formes d'habitation, à proximité de commerces et de lieux d'emploi. Dans Rosemont, on refait la ville sur une ancienne usine de train en créant un milieu de vie vert, dynamique et complet, à quelques minutes d'une station de métro.
 

5. En amont des élections, qu'est-ce que les citoyens peuvent demander à leurs candidats pour favoriser cette approche? 

La gouvernement du Québec vient de lancer la Politique nationale d'architecture et d'aménagement du territoire, qui trace les grandes lignes des orientations pour le futur du développement du territoire québécois. En vue des élections du 3 octobre prochain, je crois qu'il est important de rappeler aux personnes candidates notre attachement à notre territoire ainsi qu'au patrimoine architectural et naturel. Plus encore, les moyens de réalisation de cette politique ne sont toujours pas connus. Les Québécoises et Québécois sont invités à questionner les personnes candidates aux élections provinciale quant à leur vision pour sa mise en oeuvre et à rappeller l'importance de ce volet. Si le diable est dans les détails, c'est la destinée de notre territoire québécois qui sera influencé à jamais par la Politique et ses éléments de mise en oeuvre.
 

6. Quelles stratégies les villes peuvent-elles mettre en œuvre?

Il faut être stratégique et proactif. La ville se reconstruit sur elle-même et les administrations municipales doivent saisir les opportunités qui se présentent pour rendre plus dense et compact leur environnement. La densification passe souvent par la transformation de grands territoires désaffectés ou déstructurés, tels que des îlots industriels en perte de vitesse. La ville peut alors adopter certaines politiques afin d'énoncer ses intentions, modifier la réglementation afin d'orienter le développement, tisser des collaborations ou des ententes avec certains promoteurs et acquérir certains terrains pour des usages stratégiques (logement social, équipements publics, parcs et espaces verts).
 
Les villes devraient d'abord annoncer leurs intentions dans une politique telle qu'un Programme particulier d'urbanisme (PPU). Ce document, qui rassemble la vision ainsi que les moyens d'action, permet de se concerter avec les acteurs locaux, notamment la population, afin de susciter une adhésion envers un projet. Par la suite, la ville doit ajuster sa réglementation locale d'urbanisme afin d'assurer une adéquation entre le PPU et ce qu'il est possible de faire. Par exemple, dans un ancien quartier industriel, il faudrait réviser son règlement de zonage pour modifier les usages permis ainsi que les caractéristiques d'implantation et de construction des bâtiments. Finalement, d'autres règlements peuvent être adoptés, notamment pour contrôler la forme des bâtiments (Plans d'implantation et d'intégration architecturale (PIIA).  
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